Poèmes de Ram Krishna Singh
ALLERGIES
Le barbier voit
un client potentiel
en moi mais je passe
Les visages tendus
après la longue marche au crépuscule
un pédéraste dans la voiture
Le carnaval est court :
soigneusement cachés des gilets délavés séchant
sur le balcon
Pêle-mêle
pluie venteuse de l’après-midi
allergies de nouveau
QUI PRETE SON ATTENTION ?
La mort se cache dans le corps
mais qui s’en préoccupe ? Elle est obscure
vivant sur le rebord
Cherchant de l’espace dans un marécage
Ils parlent tous du soleil
faisant houle dans le ciel
et les yeux près de l’araignée
tournoyant les flots au plafond
tout seul, mais qui s’en soucie ?
suspicion et distance
comme des amants ils prétendent
se quitter restant encore plus longtemps
bombant hors des luxes
frimant la générosité
NOUVEL AN
Les dates du calendrier questionnent
tous mes actes non faits
et les souvenirs qui hantent ou se fondent
dans la nudité nocturne
trébuchant vers le soleil du lendemain
sans célébration
à 63 Janvier raille
mon sexe en dégénérescence
une démangeaison encore : mantra et miroir
Dieu calme et pétales au séchage
ECLAT DE LUMIERE
Fin Août
minuit nuageux, éternuant
agité au lit
toute l’ambiance négative
s’élève jusqu’à l’esprit
des chacals hurlent au dehors
Je lis Hsu Chicheng
pour un éclat de lumière
JE PEUX VIVRE
J’ai survécu
aux allergies de l’hiver
et aux pluies déprimantes
dans un zoo humain
je peux vivre
ma retraite aussi
sans pension et médecine
le fauteuil roulant ne m’effraie pas
je peux vivre
négligé et inconnu
survivre au foyer brisé
à l’engourdissement des bras
à la douleur dans le cou
et l’inflation aussi
JE VOIS UNE HISTOIRE ESTROPIEE
Les doigts du temps qui nous rident
banalise le soleil et la neige
dans une terre tordue
je vois une histoire paralysée
avec la dyspnée de minuit
le parapluie vert
catastrophe des hôtes
l’avalanche attend sur ses épaules
la plaie s’ouvre
MORT OU VIF
Mon corps se rétrécit
même si je fais un don
qu’est-ce-qui est là pour la recherche
diable dans la colonne vertébrale
abusant de la langue dans le sommeil
ou saignant l’anus
defie toutes les prières
au lit -ou au temple-
la même hérésie
suintant et puant
excusion onaniste
mort ou vif
REVES D’ARGILE
Ils façonnent mon visage
laid à mes propres yeux
que verrai-je dans le miroir ?
il n’y a pas de beauté
ou la sainteté gauche
dans la nation nue
les ruisseaux coulent sombre
et les charnières des portes moann
la politique de la corruption
je pleure pour ses noms
et les visages qu’ils défigurent
avec des rêves d’argile
SANGAM
La fissure dans le ciel
n’est pas le clivage rosé
de violer le corps
ni la bête n’est libre
d’échapper à la rivière sanglante
qui reflète la colère de pierre
en position levrette
ils attendent tous leur récompense
pour avoir enterré le bruit
d’une roue de feu ensoleillée
dans une passion congelée
Tournent les mendiants ils cherchent tous
de la chaleur auprès de sadhus-aux-cendres-barbouillés
en bordure de route le thé décroche,
siffle et lavent les péchés
dans Sangam embrouillé
avec quelques privilégiés s’élancent haut
mais je suis content je rampe sur la terre
mes racinent ne s’agitent pas dans l’air
Traduit en français par Bétitra Megdoud